Annick Cojean est née le 2 Août 1957 à Brest (1). Elle est grand reporter au quotidien Le Monde. Elle a reçu le prestigieux prix de journalisme Albert-Londres pour une série de cinq reportages publiés sur les colonnes du journal Le Monde du 25 au 29 avril 1995, à l'occasion du cinquantenaire de la libération des camps d'extermination.

Parallèlement à ses fonctions de grand reporter, Annick Cojean est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment Martine Frank qu’elle co-écrit avec la photographe belge en question en 2007, L'Échappée Australienne, paru aux éditions Le Seuil en 2001.

En 2012, elle a publié "Les proies: dans le harem de Khadafi" livre montrant,outre le tyran qu'il était, un pervers sexuel accompli.

Pour autant, si Annick Cojean est connue en France, cela reste grâce à ses articles, et notamment à son art du portrait dont elle est passée maître en la matière. Ainsi, ce sont surtout ses articles sur Lady Diana Spencer ex-princesse de Galles, et sur la comédienne française Isabelle Adjani qui ont rendu Annick Cojean familière au grand public.

(1) http://www.babelio.com

 

 

Femme Fatale?, Annicka B.

 

C’est l’anniversaire de ma mère. Plusieurs personnes sont regroupées dans le restaurant. Des rires jaillissent des toutes parts. Dans le centre du groupe, se trouve une petite femme robuste qui essaie activement de parler avec chaque personne en même temps, malgré ses 74 ans. Je ne peux pas me retenir de sourire. C’est ma grand-mère. Elle aime bien être le point de mire. «Attention, attention!», dit elle.

Plusieurs  yeux se fixent sur elle. On peut voir qu’elle jouit de la tension des visiteurs.

«Aujourd’hui c’est l’anniversaire de ma fille. 50 ans. La vie passe très vite....»

 

Elle commence le panégyrique de ma mère. C’est un poème écrit par elle-même. Je l’ écoute attentivement et commence à me demander comment elle est devenue cette femme merveilleuse qu’elle est aujourd’hui....

Ma grand-mère est née le 4 novembre 1940 à Brünn (en République tchèque) comme fille unique d’un couple d’agriculteurs. Sa naissance a eu lieu pendant la deuxième guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle elle est née sans connaître son père qui était à la guerre. Ses premières années furent très calmes. Inge (c’est son prénom) était une enfant toujours contente, qui aimait faire des bêtises quand on lui offrait une occasion. Sa mère Theresia était toujours en plein boum pour la sauver de toutes ces bêtises. Une fois, elle a dû sortir sa fille d’une fosse a purin, parce qu’ Inge voulait voir si elle savait voler. Elle ne savait pas. A la fin de cette action, elle a seulement plongé dans le fumier de vache et reçu une gifle comme remerciement de sa mère pour cette idée fabuleuse.

Une autre fois, quand sa curiosité a encore une fois pris le dessus, Inge a fait l’expérience qu’une batteuse n’était pas fait pour les petits doigts d’un enfant. Après, elle avait un doigt enflé et la gifle a été prompte encore une fois.

 

Néanmoins, sa vie était calme et confortable à la ferme où sa mère et sa grand-mère travaillaient. Mais cette vie a rapidement changé quand les Tchèques ont remarqué que les Allemands n’étaient plus les bienvenus dans leurs pays.

Alors, Inge et sa famille ont été obligées de quitter le pays où elles avaient vécu depuis plusieurs années. A cette époque-là, ma grand-mère avait 4 ans. C’était pendant l’année 1945.

Sa fuite du pays est aujourd’hui connu sous le nom «Todesmarsch» (marche de la mort), vu que milliers de personnes sont mortes pendant la fuite. Est-ce à cause des maladies, ou bien à cause des fusils, en tout cas ce fut une marche horrible.

Une de ces morts a été la grand-mère d’Inge. Elle est jusqu’ici enterrée dans une fosse commune. Mais heureusement, ma grand-mère a survécu à cette torture. Et cette expérience horrible ne lui a pas fait oublier de faire des bêtises. Arrivées en Autriche, Inge et sa mère ont habité pendant un an chez une agricultrice et sa fille handicapée, appelée Hanni. Pendant cet année, Inge a aussi retrouvé sa cousine Rosie, qui devait devenir son adjointe sans défense pendant ses plaisanteries. Dans la majorité des cas, Hanni était la victime. Plus lente qu’Inge et Rosie, elle était toujours oubliée quand les deux partaient de la maison pour jouer avec d’autres enfants.

Plusieurs fois, on a pu entendre ses cris désespérés parce qu’elle ne pouvait pas monter sur le mur de la ferme.

Une fois, durant ces années d’après guerre et de la fuite, des soldats russes sont arrivés à la ferme. Toutes le femmes craignaient les soldats russes, qui étaient connus pour violer les femmes. Alors, tous les habitants de la ferme se sont cachés dans le grenier de la grange.

« On avait peur, si peur. » m’a raconté ma grand-mère une fois. « Nous avons laissé la porte ouverte pour que les soldats ne détruisent toute la maison pour entrer. Pendant cette attaque, j’étais très malade et j’avais de la toux. Ma mère devait boucher ma bouche pour que ma toux ne puisse nous trahir. J’ai cru que j’allais m’étouffer, si ferme était sa main sur ma bouche. Grâce au ciel, les soldats ne nous ont pas trouvés. Après il sont sorti, j’ai pu tousser comme jamais avant.» a rit ma grand-mère.

Je l’ai regardé avec de grands yeux. Comment peut-elle avoir survécu quelque chose si horrible et malgré tout rire de l’événement ? A partir de là, j’ai traité ma grand-mère avec tant et plus de respect qu’avant.

Mais cette fuite terrible a encore continué. Après un an, Inge et sa mère ont dû quitter l’agricultrice et elles sont allées avec tous les autres réfugiés à Melk, où il y avait un camp pour les réfugiés allemands. Mais, comme ma grand-mère était d’une heureuse nature, elle s’est acclimatée très vite. La chose qu’elle a aimé le plus de la ville, était la petite église. Quand elle y est rentrée pour la première fois, elle a cru avoir trouvé un trésor.

Tous ces candélabres brillants, et les calices en or lui ont semblé la plus grande richesse du monde. Alors, elle a décidé de voler ce trésor pour aider sa mère qui était très très pauvre. Sa cousine Rosie devait aider (comme toujours) à transporter son trésor chez elle. Ah, elle était si fière d’avoir trouvé cette richesse. Et la déception fut encore plus grande quand elle revint et elle ne reçut pas un remerciement mais une gifle de colère de sa mère. Elle dut tout de suite rapporter son trésor à l’église où Theresia le donna à un curé embrouillé. Ensuite, Inge n’a plus jamais montré de trésor à sa mère. Toutefois, cet événement ne lui a pas longuement serré le cœur. Elle n’avait pas le temps d’ être triste, vu que 1946 elle a dû encore une fois quitter le camp à Melk.

Elles sont allées avec un wagon de marchandises à Hockenheim, une ville allemande, où il y avait un autre camp. Là, les réfugiés étaient montrés comme des esclaves sur un marché des esclaves et les agriculteurs de la région pouvaient y aller et choisir des travailleurs pour le travail des champs. Ma grand-mère a été choisie par un agriculteur d’une ville qui s’appelle « Edingen- Neckarhausen». Elle y vit jusqu’à aujourd’hui. Là, sa longue fuite s’est finalement terminée. En plus, elle eut la possibilité de fréquenter l’école. C’était une bonne chose, étant donné qu’elle aimait bien apprendre et vu qu’elle avait une curiosité infinie (ce qu’elle a toujours aujourd’hui).

Un an après son arrivée à Edingen (1947), son père est revenu. Il avait été prisonnier de guerre en Italie jusqu’à ce qu’il ait pu fuir en 1947. C’était horrible pour Inge car elle avait déjà 7 ans et elle n’a jamais vu son père. C’était un étranger pour elle. Toutefois, elle dut l’accepter. Son père était plus sévère que sa mère. Inge a dû apprendre cette leçon avec son propre corps. Si ma grand-mère, par exemple, ne voulait pas manger une chose (elle était très difficile sur la nourriture) son père devenait si furieux qu’il lui versait la nourriture sur la tête. Le fait qu’il devait lui faire un shampooing après pour faire sortir la nourriture ne l’empêchait de répéter cette action la prochaine fois. Le retour de son père a aussi causé un autre changement dans sa vie : trois ans plus tard, elle n’était plus enfant unique. Son frère Robert est né. Étant donné que la famille était toujours très pauvre, les deux parents devaient travailler tout le temps. Et ma grand-mère était responsable de la maison, de la cuisine et du petit frère. Mais elle savait comment utiliser sa situation à son avantage. Car elle était la seule fille dans sa classe qui avait un frère si petit et comme toutes les autres filles voulaient avoir un bébé, elle a décider de louer son frère à ses amies. En échange de son frère, elle avait la possibilité d’utiliser le bicyclette d’une de ses amies. C’était un échange formidable pour ma grand- mère. Néanmoins, ses parents n’étaient pas si heureux. Alors, elle a reçu encore une fois une gifle (elle a reçu beaucoup de gifle pendant son enfance). Je pourrais raconter plus des bêtises et plaisanteries de ma grand-mère, mais il est maintenant temps de changer la situation et de raconter un autre événement important de sa vie.

En 1956, il s’est passé quelque chose qui changea toute sa vie : Inge connut Ruthard, son future mari. Ils se sont rencontrés pendant un cours de danse. Et ils sont tombés amoureux. Ma grand-mère était une femme superbe: pas trop grande, avec une silhouette sportive, des cheveux blonds et longs et avec un sourire qui était «contagieux». Alors, ce ne fut pas une surprise que mon grand-père tombe amoureux d’elle. Mais, ma grand-mère n’avait que 16 ans quand elle a connu à mon grand-père. Et les coutumes étaient très différentes comparé à aujourd’hui. Alors, Inge devait toujours prendre son petit frère Robert avec elle comme «chaperon» quand elle avait un rendez-vous avec son amant.

Mais ce fait ne l’a pas retenu d’épouser mon grand-père. Le 4 juin 1960 ils se sont mariés (avec l’autorisation de ses parents, Inge n’était toujours pas adulte). Un an plus tard, elle a mis au monde son premier enfant, Jochen. Après sa naissance, elle n’était plus capable de travailler comme secrétaire dans une maison d’édition car ils n’ont pas trouvé de baby-sitter. Puis, elle est restée à la maison et s’est satisfaite de jouer un rôle dans la vie de ses deux enfants (1965 est venue son deuxième enfant, ma mère). Mais, elle ne pouvait pas rester sans travail pendant longtemps. Alors, elle a commencé à travailler bénévolement comme professeur de sport dans un club de sport. Quelques années plus tard, elle a aussi fondé un groupe de gymnastique dans l’eau, et a fait une formation comme intendante.

Mais bien qu’elle soit devenue une femme adulte avec deux enfants, elle ne pouvait pas devenir raisonnable et ennuyeuse. Pendant toute sa vie, elle a aimé créer des petites pièces de théâtre et coudre des costumes formidables. Elle aime toujours faire ça aujourd’hui. Mais, aujourd’hui ce ne sont plus ses enfants les victimes devant participer aux pièces, mais ses petit-enfants. Alors, à chaque anniversaire nous sommes (plus ou moins) obligés de représenter différentes attractions aux invités. A propos attraction, c’est mon tour.

« Annika, viens-tu?» demande ma grand-mère. Des regards, pleins d’espoir, sont fixés sur moi. Je soupire. Allons-y, l’inévitable attend.

A la fin de l’anniversaire, je suis assise à côté de ma grand-mère. Elle est en train de raconter son dernier voyage en Espagne et parle avec enthousiasme  du pays. Je la regarde encore une fois. Elle est encore très jolie, même si elle a perdu sa silhouette sportive. Elle a encore un rayonnement fort et sûr de soi. Même si elle est déjà vieille, elle n’a jamais cessé d’être alerte et elle s’affaire jusqu’à aujourd’hui dans notre ville (où elle est la personne la plus connue) et fait tout en même temps, sauf si elle est en vacances (elle est très souvent en vacances). La voix de ma grand-mère me tire de mes pensées. «Annika, tu sais, quand j’avais ton âge, j’étais déjà mariée et enceinte. Je ne pouvais pas faire des études pendant plusieurs années. » rit elle.

«Aha.». J’aimerais bien lui faire une frayeur. «Tu veux que je me marie déjà? Et concernant la grossesse, on peut l’organiser. Mon petit ami est là-bas. Tu peux l’appeler si tu veux.» dis-je avec gravité. Elle me regarde effrayée.

«Annika.... moi,... je crois que je préfère que tu vis comme tous les jeunes d’aujourd’hui.

Devenir arrière-grand-mère peut encore attendre quelques années.... Mais pas trop longtemps quand même

 

Assma al-Assad joue son rôle jusqu’au bout, Irena M. (2014)

 

 

La guerre civile syrienne se poursuit et L ́ONU estime déjà à 2,4 millions le nombre de syriens en fuite et à plus de 190.000 le nombre de morts depuis trois ans. Pendant que le Front islamique, l ́Armée syrienne libre, l ́État islamique de l ́Irak, l ́armée régulière et le régime de Bachar el-Assad terrorisent la population, une radieuse et belle femme apparaît constamment dans les médias.

 

C ́est Asma al- Assad, la première dame de Syrie.

 

 

Pourtant ces derniers temps on ne la voit plus si souvent dans les médias. Sur le site de UPI on trouve une des dernières photos d ́Asma, qui la montre lors de l ́élection présidentielle syrienne qui a eu lieu le 3 juin 2014.

 

Sur la Photo, elle vote pour son mari Bachar el-Assad qui est au pouvoir depuis 2000. Le dictateur se tient derrière elle avec une expression satisfaite, entouré de gens qui applaudissent. Asma, qui est au premier plan de l ́image, met son bulletin de vote dans la boîte en souriant. Avec son teint frais, sa coiffure parfaite et dans son blazer d ́un blanc resplendissant elle brille comme un ange.

 

Paris Match l ́a appelé «la lumière dans un pays plein de zones d ́ombre» après l’avoir rencontré en 2010. Elle s ́efforce de garder cette image bien qu ́on sache qu ́elle n ́est pas si innocente qu’il n’y paraît. Bachar Al-Assad est réélu, avec 88,7% des voix mais le scrutin n'est organisé que dans les zones contrôlées par le régime en place et en plus l ́opposition l ́a boycottée. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a accusé :«Les Syriens – et encore, les Syriens uniquement dans les zones gouvernées par le régime – ont le choix entre Bachar et Bachar. [...] C'est n'importe quoi. La réalité, c'est qu'on connaît déjà les résultats avant que ce ne soit commencé»

 

 

 

On se demande alors pourquoi elle participe à ce jeu sale. Si on regarde l ́histoire de sa vie on a peine à croire qu’elle soi dans cette situation. En 1975 elle est née et a grandi à Londres dans une famille fortunée. Son père Fawaz Akhras est docteur au prestigieux Cromwell Hospital et sa mère Sahar Otri a été la première secrétaire de l'ambassade de Syrie. Asma n ́a connu la Syrie que lors de ses séjours pendant les vacances.

 

Après ses études au Queens College la studieuse Asma a décroché une licence en informatique et littérature francaise au King ́s College de Londres.

 

Cette femme cultivée a alors commencé sa carrière à la Deutsche Bank en tant qu’analyste dans le département des fonds de spéculation. En 1998, elle a travaillé pour le département bancaire de la JPMorgan Chase. Ouverte au monde, elle exerce un temps son activité à Paris puis à New York. Elle fait carrière et elle paraît être une femme émancipée, indépendante et ambitieuse.

 

Depuis son mariage avec Bachar el-Assad en 2000, elle essaye de continuer à être cette femme et de l ́autre côté l ́image du régime profite de ce qu ́elle représente. Mère de trois enfants, elle a fondé des organisations humanitaires. Elle a permis à la population rurale de recevoir des microcrédits, a amélioré les structures dans les provinces et s’est engagée pour les droits de la femme. L’historienne et écrivaine Gaja Servadio a affirmé:

 

«Les gens ont été charmés par son attitude chic, ses vues libérales et son accent britannique.

 

Elle a reçu la médaille d'or de la Présidence de la République italienne pour son travail humanitaire en 2008 et a remporté un doctorat honorifique d'archéologie de la part de l'université La Sapienza à Rome."

 

En outre les magazines Vogue et Elle l ́ont proclamé icône du style.

 

Mais comment peut-elle continuer après les violents bombardements par les forces du régime de son mari et après que les Nations unies ont dénoncé les forces syriennes pour crimes contre l'humanité ? Un article du journal Le Monde affirme: «Des femmes d’ambassadeurs dénoncent le silence d’Asma Al-Assad»

 

Asma s ́est présentée comme une personne qui a bon cœur et qui va intervenir en faveur du peuple. Par conséquent les habitants ont espéré un comportement adéquat. D ́un autre côté on ne sait pas quelles sont les possibilités de s’exprimer que le régime lui permet.

 

Le directeur du Conseil pour l ́entente arabo- britannique, Chris Doyle suppose:

 

«Quelle que soit son opinion, elle est totalement paralysée. Le régime ne lui laissera jamais la possibilité d’exprimer un quelconque désaccord ni de quitter le pays. N’y songez pas.»

 

Elle a déjà essayer de fuir avec ses enfants mais il n e lui a pas été possible de quitter la

 

Syrie. On se demande comment elle peut supporter son mari. Peut-être le supporte-t-elle très bien au contraire. Enfin la question se pose de savoir, si elle a joué un rôle dès le début ou si elle est tombée dans des machinations sans le vouloir. Il est possible qu ́Asma ne sache elle-même pas la réponse.

 

 

Fatou Diome, Lina M.


C´est le 24 avril de cette année que, face au drame de Lampedusa en Italie, un débat sur les politiques d´immigration a été retransmis dans l´émission « Ce soir (ou jamais) ». Un débat chaud sur la solidarité, la moralité et la responsabilité de l´Union Européenne. Parmi les invités, une femme franco-sénégalaise, qui se fait remarquer par ses attaques verbales contre la politique d´immigration de l´Europe, la division des immigrés en catégories "d´étrangers inutiles" et "d´étrangers utiles". Elle défend avec plein de zèle, d'énergie et surtout de courage, sa position contre les arguments des hommes politiques proposant une fermeture des frontières européens. Néanmoins, elle ne fait pas grâce aux Etats africains de son indignation: « Je suis venue pour m´indigner contre le silence de l´union africaine ». Les autres participants sont sidérés, même paralysés par l´insistance infinie de cette femme d'Afrique noire qui finit par un plaidoyer pour une solution mondiale afin de résoudre le problème de l´immigration et de l´exploitation des pays de tiers monde. Car « on sera riche ensemble ou on se noiera tous ensemble ».

Malgré la difficulté du sujet et les arguments contraires des hommes politiques, elle le traite avec une passion qui s´exprime dans ses gestes de mains résolus: « On est dans une société de la mondialisation ou un Indien gagne sa via à Dakar, ou un Dakarois gagne sa vie à New York, ou un Gabonais gagne sa vie à Paris. Que ҫa vous plaise ou non, c´est irréversible. Alors trouvons une solution collective ou bien déménagez de l´Europe parce que j´ai l´intention de rester. »

 

Mais qui est donc cette femme, qui arrive à clouer le bec des ses contradicteurs, plaide pour une solution globale du problème de l´immigration, et fait surtout appel à notre humanité?


Fatou Diome est née en 1968 sur l´île de Niodior au Sénégal. Élevée par sa grand-mère, celle-ci essaye de cultiver en elle un comportement conforme aux traditions sénégalaises. Mais la petite Fatou Diome se révolte tôt contre son rôle préétabli de ménagère et cuisinière de la maison. Elle commence à partir à l´école en cachette et y apprend le franҫais. À treize ans, Fatou quitte son village natal pour aller au collège. Sans l´aide financière de sa famille, elle se débrouille pour gagner sa vie en faisant des petits boulots. C´est à cette époque-là qu´elle commence à se passionner pour la littérature francophone. Après le collège elle commence à étudier la littérature francophone à l´université de Dakar.
C´est à l´âge de 22 ans qu´elle tombe amoureuse d´un jeune Franҫais au Sénégal. Elle l'épouse et vient vivre en France avec lui. Arrivée en France, elle est confrontée à beaucoup de préjugés et de racisme face à sa personne. Elle est rejetée par la famille de son époux car elle est africaine. Malgré ces difficultés dans sa vie privée, elle fait des études de lettres modernes à Strasbourg dans le but de devenir professeur de franҫais et d´écrire des livres, mais son époux fait tout pour prévenir son émancipation. Après plusieurs disputes, il finit même par détruire tous ses manuscrits de son premier livre. Mais Fatou Diome ne se laisse pas désenchanter. Elle finit par divorcer et travaille comme femme de ménage pour pouvoir financier ses études. Malgré les difficultés suite à son divorce, elle n´abandonne jamais son rêve de publier un livre et poursuit son objectif avec une ambition interminable. « Il a tout emporté sauf mon cerveau, donc je peux continuer ». En même temps, elle continue ses études de lettres modernes et enfin obtient même le titre de docteur.
En 2003, son premier roman "Le ventre de l´Atlantique" est publié. Ce roman raconte l´histoire d´une jeune fille sénégalaise qui s´installe en France. Elle vit l´humiliation, la pauvreté et elle souffre du racisme des Franҫais. Dans ce roman, Fatou Diome prend comme sujet le rapport difficile entre les immigrés et leurs familles restées en Afrique, qui ont des demandes démesurées aux membres des familles partis en Europe, car ceux-ci doivent entretenir toute la famille restée en Afrique.
Ayant vécu le racisme, les difficultés de l´intégration, ayant fait de sales boulots pour survivre et ayant de la famille à nourrir au Sénégal, Fatou Diome essaye de montrer la vie d´un immigré en France telle qu´elle est pour arrêter de faire fantasmer les jeunes Africains sur la France comme eldorado. Elle fait appel à la responsabilité des immigrés de raconter la vérité sur leur vie en Europe. En même temps, elle fait appel aux Européens de changer leurs attitude face aux immigrés, d´arrêter de se forger des représentations toutes faites, avec "les étrangers utiles et les étrangers néfastes" et de voir l´histoire des êtres humains derrière ces milliers de réfugiés qui semblent d´envahir l´Europe comme une armée. Elle veut que les Européens se rendent compte des avantages de l´immigration en se débarrassant de l´idée que laisser mourir des gens en les privant d'immigrer en Europe ne va pas résoudre le problème fondamental de l´immigration.